N.T. : Je
vais vous présenter lhistoire de Sailor Moon pour que vous voyez comment elle a
commencé.
(Madame Takeuchi tend une feuille au
traducteur, une petite discussion entre eux deux sen suit, après quelques secondes
à lire la feuille le traducteur prend le micro)
Traducteur : Euh, je suis censé vous traduire le texte quon vient de me
donner (rire jaune de la salle qui naurait pas aimé se
retrouver à sa place).
- Léditeur voulait un manga avec des filles en tenue décolière, et puisque
jaimais les magical girls, jai créé Sailor V. Comme la réaction du public a
été très enthousiaste, il a été décidé de faire une série. Jai approfondit
lhistoire et rajouté des personnages et cest comme ça que Sailor Moon est
née. Jai toujours été intéressé par lésotérisme et la mythologie,
jai mêlé divers choses de ces thèmes et des histoires damour, cétait
du travail fait à la dernière minute pendant cinq ans. Je suis surprise que ça
ait si bien marché. Sailor Moon a de plus bénéficié daide de sponsor, et de
moyens sans aucune mesure avec les shojo-mangas classiques. Plus que tout, ce sont les
fans que je remercie, encore aujourdhui il y a beaucoup de lettres de fans du monde
entier qui se plaignent de la fin de la série et je suis heureuse que Sailor Moon plaise
autant au monde entier.
Q : Que pensez-vous, rétrospectivement, de votre parcours ?
N.T. : jai commencé à écrire des mangas en deuxième année de faculté,
cétait de petites histoires courtes, puis jai commencé à en faire des plus
longues. Je suis très contente que mon uvre soit aussi apprécié dans le monde ;
ce qui ma le plus intéressé en tant que mangaka, cest le travail de
recherches quil ma fallut faire.
Q : Avez vous suivit une formation technique quelconque pour créer vos personnages
?
N.T. : Comme la plupart des autres mangaka, je nai pas eu de cursus,
cest en apprenant soi même à dessiner quon se forge, cest ce qui donne
au manga son coté libre. Ce qui est différent lorsquon est mangaka, cest
quil y a une équipe, et si on a un problème pour dessiner, on peut sadresser
à léquipe.
Q : Est-ce que vous avez commencé par écrire dans des fanzines ?
N.T. : Il y a beaucoup de gens qui font leur début dans les fanzines, mais ce
nest pas mon cas, je portai directement mes planches chez les éditeurs.
Q : En France, le manga est considéré comme une sous culture ; comment vos
parents ont-ils pris le fait que vous deveniez mangaka ?
N.T. : Il y avait un problème de génération, les mangas était mal vu de mes
parents et placé en dessous de la littérature. Ils étaient plutôt opposés à cette
décision, aujourdhui la position a changé et beaucoup de parents soutiennent leurs
enfants qui veulent devenir mangaka.
Q : Quelles sont les conditions dans lesquelles vous travailler, votre nombre
dassistants ?
N.T. : En général jai deux ou trois assistants. En principe, au japon, le
mangaka dessine seul, et les assistants ne travaille que quand il y a un problème.
Cest différent ailleurs comme à Hong Kong ou cest un travail déquipe.
Q : Est-ce qu'il y a une différence entre le manga daujourdhui et
davant, une évolution ?
N.T. : La différence, cest quaujourdhui il y a beaucoup de
manga, réparti dans plein de genres, trop de genres peut être, et les lecteurs se
perdent. Je ne tranche pas si cest positif ou négatif, il semble que la tendance
actuelle soit celle ci.
Q : Quelles sont vos inspirations ou lecture actuelle ?
N.T.: Jai déjà évoqué en partie un peu plus tôt mes inspirations. Le
phénomène consiste à ressortir des veilles séries de manga, qui plaisent beaucoup au
gens plus âgés, moins au jeune qui ne connaissent pas. La tendance est aussi
davoir recours à lordinateur. Je nutilise pas lordinateur et je
reste sceptique par rapport à son utilisation, jai peur que le manga perde ce qui
fait son identité, le tramage, etc.
Q : Quest ce qui vous a donné lidée dutiliser des petits
objets, perles, trames, et autres dans vos dessins ?
N.T.: Cest une méthode pour essayer de lutter contre
lindustrialisation du manga, je préfère ne pas utiliser lordinateur, et
travailler dune manière plus artisanale.
Q : Est-ce que vous pourriez nous parler de votre nouveau manga, qui est un
mélange entre le manga et un essai ?
N.T.: Je me suis marié avec un autre mangaka, et pendant les préparatifs je
navais pas le temps de faire une série denvergure, maintenant que jai
plus de temps jai des projets pour des nouvelles séries.
Q : Est-ce que vous avez eu des difficultés à gérer votre série ?
N.T.: Pendant la période de parution de Sailor Moon, jétais tout le temps
sur ma planche à dessin, parfois sans manger ou dormir, cétait très dur, mais si
je lai fait cest parce que jaimais Sailor Moon, certaines fois jai
eu envie de tout plaquer et daller en vacances. Javais un problème entre mon
travail concret et la volonté de faire quelque chose de bien, javais envie de tout
arrêter, mais je replongeai dans le travail, cétait une évidence.
Q : Quel intérêt portez-vous à lanimation en général ?
N.T.: Jaime le cinéma danimation, et jétais contente de voir
Sailor Moon passer à la télévision car je pouvais voir mes personnages en couleur et
avec une voix, mais je ne me suis pas occuper de lanime, ce nest pas que le
cas de Sailor Moon, le manga et lanime étant considéré comme deux choses
différentes. Quand Sailor Moon a été adapté pour la télé, cest un peu comme si
ma fille avait été se marié. Aussi à partir du moment ou Sailor Moon a été adapté
ce nétais plus totalement mon uvre, mais je lai aimé comme vous, en
tant que fan.
Q : Comment seffectue votre travail de recherche symbolique, et le patchwork
mythologique, cest à dire par exemple le mélange entre bouddha et le saint graal ?
N.T.: Pas seulement pour Sailor Moon, mais aussi mes autres projets, je vais à la
bibliothèque et je consulte les ouvrages. Pour Sailor Moon, jai lut des bouquins
sur lésotérisme et la mythologie, et jai fait le mélange.
Q : Comment se passe le travail de création des personnages ?
Est-ce que vous vous faites dabord le coté symbolique, puis approfondissez le
personnage ou est ce linverse ?
N.T.: En fait, pour créer un personnage, je choisis dabord sa coupe de
cheveux, ses habits, ses goûts culinaires, son comportement, puis son signe et son groupe
sanguin.
Q : Est-ce que certaines sailors ont été inspirées par des amis ou des
doubleuses ?
N.T.: Bien sur, je prends comme modèles des amis, des gens avec qui je
mentends bien ou mes petits amis. (jespère que son mari
ne verra pas la conférence)
Q : A quelle échéance sera t'il possible de lire votre prochaine uvre ?
N.T.: Pour linstant je recherche encore, et a cause de mon mariage jai
dut marrêter ; je suis en train de reprendre mes marques, jespère reprendre
bientôt, et dessiner des histoires avec plein de jolies petites filles. |